Sexualité, apprendre à se connaitre sur Europe 1

Vendredi dernier, sur Europe 1, dans l’émission la vie devant soi, Sens et santé était à l’honneur pour une émission autour de notre dossier «Sexualité, apprendre à se connaître ». 35 minutes d’interventions sur un sujet essentiel et que j’aimerais introduire ici pour résumer la visée de notre dossier. Et vous inviter à le découvrir en kiosque cette semaine

  • Ce qui est nouveau c’est le couple « amoureux » (depuis 50 ans) qui doit vivre la passion d’un bout à l’autre, réussir à s’aimer sans jamais faillir. Une nouvelle pression qui fait qu’on se sépare très vite dès que retombe la passion fusionnelle qui dure peu. Et dans ce couple amoureux, la sexualité prend une place fondamentale.
  • Avec beaucoup de non dits, de fantasmes, de méconnaissance où on imagine ce que vivent les autres… Car la vie sexuelle ne s’apprend nulle part. Même pas pendant les études de médecine. L’accès libre au pornographique digitale de ce point de vue, fausse les images du corps et du plaisir pour ados et adultes (60% d’adultes consultent les sites et 48% d’adolescents) et renvoie à l’idée d’une sexualité performante et uniforme dans une quête effrénée du plaisir.
  • D’où l’idée du dossier d’informer, en puisant aux sources scientifiques les plus récentes, avec notamment deux jeunes médecins lues par un million d’internautes, et traduites en 34 langues. Avec aussi des sexologues, médecins, psychologues…
  • Car c’est important de s’intéresser à la sexualité, à notre façon de vivre l’amour avec les corps en puisant aux sources d’informations fiables, sans minorer le facteur de l’humain. Nous sommes des êtres incarnés et l’amour se dit avec le corps. La sexualité donne sa cohésion à la relation. Elle est même un révélateur de la qualité de notre communication ou relation.
  • Côté santé, c’est important pour le bien-être physique aussi de garder une vie sexuelle car la sexualité en faisant travailler tout l’organisme (le coeur, le psychisme, les hormones…) prévient les maladies. C’est un antidépresseur naturel. Nous reprenons beaucoup de données et d’études à ce sujet dans le dossier.
  • Que dit notre dossier : qu’il y a, entre la femme et l’homme, deux désirs différents qui se cherchent, qui n’ont pas la même temporalité, pas le même rythme, pas la même réactivité, pas la même genèse. Et qui doivent se connaître pour s’accorder. Un ex : pour une femme, le désir est dépendant de l’humeur de toute la journée, une contrariété dans la relation, un manque de tendresse, une fatigue, une déception… tout impacte son désir. Au contraire pour l’homme, c’est d’abord sur l’oreiller qu’on va tout arranger ! Et la tendresse viendra après. On découvre aujourd’hui aussi que dans le cycle féminin, il y a des moments plus propices au désir, aux rencontres, liés aux variations hormonales. Le désir féminin est plus réactif, a besoin d’être stimulé. Nous évoquons pour cela dans notre dossier de manière très explicite le rôle pour la femme d’un organe de mieux en mieux connu par les scientifiques et très précisément décrit en 1998, à la source de son désir-plaisir :  le clitoris.
  • Les archétypes demeurent ! En toute femme, il y a une belle au bois dormant qui veut être réveillé par son prince mais elle demande douceur patience et pour ce prince il faut apprendre à être doux et fort à la fois. Pas si facile … Par contre, cette image du désir féminin, c’est aux femmes de l’expliquer, d’oser le mettre des mots et le partager à leur compagnon !  et c’est là que la princesse n’est plus si passive, que les temps changent, que les archétypes évoluent. Les femmes doivent se connaître pour l’expliquer à leur compagnon.
  • Mais la vie sexuelle, cest aussi toute la tendresse, les baisers, le toucher qu’on va avoir l’un pour l’autre qui va éveiller le désir. Il entretient le lien du couple grâce à l’hormone ocytocine déclenchée par la caresse, c’est prouvé. Le plaisir apaise, limite l’agressivité aussi, aide à dormir. Génératrice d’hormones comme la dopamine, la sérotonine, les contacts entretiennent la bonne humeur et la confiance en soi. Prise dans ce sens le plus large, la sexualité peut durer toute la vie.
  • En résumé il n’y a pas de sexualité normée ni linéaire (on sait par des études que la moyenne des rapports sexuels n’est pas de plus  de 1 ou 2 par semaine et moins souvent en avançant dans la vie). Mais une sexualité différente à chaque étape de la vie. La sagesse chinoise dit qu’il faut se préserver dans la maturité pour ne pas dilapider son essence vitale. L’ayurvéda indienne fait de la libido une énergie créative, non seulement à cause de la vie qu’elle engendre mais de la créativité qu’elle peut mettre dans toute notre vie, bien au-delà de la seule sexualité.
  • Il ne faut ni mettre la relation sexuelle de côté en se disant qu’il y a d’autres choses importantes qui cimentent le couple ni la mettre sur un piédestal avec une norme à atteindre. Un secret ? La communication : les couples qui parlent sont les plus heureux dans leur relation sexuelle. Les études scientifiques établissent clairement la corrélation entre la bonne relation du couple et la qualité de sa vie sexuelle. C’est peut-être la différence entre un « rapport » sexuel et une « relation » sexuelle !

Avertissement : dossier très explicite qui explique notamment le fonctionnement du désir féminin et l’anatomie du plaisir et qui est à mettre entre toutes les mains masculines… sans modération  !

par Elisabeth Marshall, rédactrice en chef