Depuis ma plus tendre enfance, j’ai su que les animaux m’étaient indispensables.
En grandissant, ce sont eux qui m’ont appris à lire le vivant, mes émotions, mon envie de résister aux épreuves, ma capacité à aller au-delà des apparences. Le monde animal m’a enseigné le monde du sensible, l’irrésistible désir de rejoindre cette modalité du vivant qui se passe du langage verbal pour accéder directement au subtil, à l’invisible, à la face mystérieuse de l’univers qui fait tomber l’arrogante supériorité des humains. Parce qu’ils ne parlent pas avec des mots, je cherche à les entendre autrement, tout est possible puisque rien n’est prédéfini. Et lorsque nous nous taisons, nous pouvons communiquer avec une autre forme de beauté. J’ai eu la grande chance de croiser la route de chiens exceptionnels qui, à chaque âge de ma vie, m’ont fait grandir. Je leur dois beaucoup par leur qualité de présence à mes côtés. À Thanjavur, en Inde, où j’ai séjourné seule et où j’ai vécu des épreuves de séparation, d’abandon, ma rencontre avec une éléphante a été une « présence-cadeau ». Par l’observation, le temps passé à ses côtés, sa gestuelle, son regard, elle m’a littéralement enseigné, accompagné, soutenue.
À une époque où notre regard sur la gent animale change grâce à une prise de conscience encore loin d’être générale mais portée par des éclaireurs comme le dalaï-lama, Matthieu Ricard et nombre de philosophes, il me semble important de rendre hommage à ces compagnons de planète, de témoigner d’un autre état de conscience à leur manifester et de nommer l’équilibre psychologique qu’ils nous offrent.
Il y a quelque temps, un cheval est entré dans ma vie, puis un deuxième, indissociable du premier. Ils me transforment patiemment, symbolisant au plus juste pour moi la notion de création et d’évolution que chaque journée représente. Ces deux poulains que je ne connaissais pas ont été sauvés par l’association Les Crins du Vexin. Les responsables de cette association s’absentaient deux semaines et m’avaient demandé d’aller voir si tout se passait bien pour ces deux jeunes chevaux. Jusqu’alors, je donnais un peu de mon temps pour aller masser les poneys et chevaux de leur cheptel, ce qui me procurait un grand bien-être et me permettait de retrouver un contact avec l’animal. Mais la rencontre avec Diamant fut d’une autre évidence. Il est aujourd’hui avec moi depuis deux ans. Les visites quotidiennes, le temps passé avec lui à nous observer et a respirer ensemble nous ont permis de partagerun moment d’intimité très fort : « la sieste consciente ».
Cet hiver, je suis régulièrement venue m’asseoir sous son abri, le dos droit, les yeux fermés, en respiration profonde en posture de méditation.
Quelle ne fut pas ma surprise, alors que j’étais absorbée dans mon souffle, d’entendre Diamant se coucher dans la paille près de moi, fermer les yeux, et respirer très doucement, en allongeant l’expiration, avec un son qui m’a rappelé le son d’ujjayi en yoga. Le rythme de sa respiration était ponctué de pauses en fin d’expiration et d’inspiration, exactement comme je construis le souffle en respiration profonde. Je me suis alors approchée de lui doucement en restant au sol et j’ai posé mes narines contre les siennes, et nous avons respiré ainsi, ensemble les yeux fermés, au même rythme.
Par Maya, professeur de yoga
Découvrez la suite de ce témoignage dans les pages du numéro 9 de Sens et Santé.