À l’origine de l’ostéopathie

En permettant au corps de retrouver toute sa mobilité et de se rééquilibrer, cette pratique née aux États-Unis au XIXe siècle vient stimuler nos facultés d’autoguérison.

La médecine pratiquée au milieu du xixe siècle aux États-Unis est souvent qualifiée d’héroïque : cela donne une idée de l’endurance qu’il fallait aux patients pour y survivre. La prescription de dérivés du mercure et de l’opium était courante, l’absorption de whisky figurait sur la plupart des ordonnances. Jusqu’au début du xxe siècle, la majorité des médecins américains étaient formés en dehors des facultés et la plupart n’avaient aucun grade universitaire. C’est dans ce contexte que le fondateur de l’ostéopathie, Andrew Taylor Still (1828-1917), a, dans un premier temps, exercé la médecine,
qu’il avait apprise aux côtés de son père, un pasteur méthodiste qui soignait les corps et les âmes.

Terrassé en 1864 par la mort de sa femme et de plusieurs de ses enfants lors d’une épidémie de méningite, il ressent l’impérieuse nécessité de trouver d’autres manières de soigner, plus efficaces et plus respectueuses du corps humain. De nombreuses recherches similaires se développent aux États-Unis dans cette seconde moitié du siècle. L’homéopathie y est déjà bien implantée. Le tempérament pionnier pousse les médecins à se comporter eux aussi comme des explorateurs : de nombreuses publications témoignent de recherches sur la possibilité de soigner avec les mains (magnétisme, massage, manipulations…), par l’eau (hydrothérapie) ou par l’électricité.

Still s’inspire de ceux qui font la promotion du traitement par les mains, mais en étant particulièrement attentif à l’enracinement d’une telle pratique dans une connaissance précise de l’anatomie.

Il s’inspire également de certaines conceptions venant du magnétisme, mais en remplaçant la référence à un fluide magnétique par la prise en compte du rôle essentiel du sang pour apporter à chaque partie du corps l’oxygène, l’alimentation et les moyens de défense dont elle a besoin. Il pousse cette idée au maximum en considérant que le seul acte thérapeutique dont un malade a besoin est l’intervention qui permet de libérer la circulation de ce flux sanguin.
Il prend ainsi place dans la grande tradition médicale qui, depuis Hippocrate, reconnaît les étonnantes facultés d’autoguérison du corps.
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Par le docteur en médecine et théologien
Jean-Marie Gueullette