Naturopathie #1 : quelles sont ses origines ?

L’intuition d’auto-guérison d’un médecin grec
La naturopathie « puise ses racines aux sources des médecines dites traditionnelles (chinoise, ayurvédique…) et aux travaux d’Hippocrate de Cos, plus communément appelé Hippocrate, 500 ans avant notre ère » explique Daniel Kieffer, Directeur du Collège CENATHO et Vice-Président de la FENAHMAN  (Fédération française des écoles de naturopathie). C’est ce médecin grec, également philosophe, qui a posé les bases de la médecine en s’appuyant sur 5 principes : l’humorisme, le vitalisme, l’hygiénisme, le causalisme et l’holisme. C’est lui aussi qui mit en avant la faculté d’auto-guérison du corps grâce à la force vitale qui anime chaque être. « La force vitale donne la vie aux hommes et elle établit les défenses naturelles dans les maladies » expliquait-il. On lui doit aussi ce principe toujours présent dans l’esprit des naturopathes « le hasard quand on vient à l’examiner est reconnu ne pas exister. Tout n’est qu’enchainement de causes et de conséquences ».

Un curé de Bavière adepte des bains froids
Il fut suivi de la grande famille des « hygiénistes » nord américains ou européens parmi lesquels plusieurs grandes personnalités dont un Allemand Sébastien Kneipp (1821-1897) qui, après avoir observé que les animaux malades jeûnaient, se baignaient dans l’eau des rivières, se purgeaient ou se roulaient dans l’argile, s’appliqua la méthode à lui-même et parvint à guérir de la tuberculose. En créant un premier établissement de soins, il fut le précurseur des courants de médecine naturelle et naturopathique dans le monde entier. Ce curé de Bavière, adepte des bains froids notamment, fit de sa région un grand lieu de santé, à tel point qu’à la fin de sa vie une centaine de centres dans le monde se réclamaient de sa méthode. Aujourd’hui encore, il fait parler de lui par la marque de produits corporels éponymes et par les techniques d’hydrologie qu’il avait mises au point comme les parcours de marche que l’on retrouve dans de nombreux centres de thalassothérapie et de thermalisme.

Un américain au corps d’athlète
L’Américain Bernard McFadden (1868-1955), une forte personnalité qui s’était rebaptisé Bernarr, (car la prononciation de son prénom évoquait le rugissement d’un lion !), s’était forgé un corps d’athlète à force de travailler dans les champs.  D’une santé fragile, il avait été envoyé à la campagne comme garçon de ferme où il s’astreignait à des exercices quotidiens et développa une routine. Il acquit peu à peu la conviction que le corps avait la capacité de s’auto-guérir s’il est placé dans des conditions favorables. Devenu adulte, il créa les premiers clubs d’éducation physique aux Etats-Unis et écrivit une cinquantaine d’ouvrages selon le précepte « un esprit sain dans un corps sain ». A la fois très médiatisé et controversé, McFadden « pour les uns, est un dévot des plus extrêmes méthodes naturelles de santé, explique Daniel Kieffer, et, pour d’autres, un passionné qui combattait la frustration sexuelle, voire un martyr du combat face aux instances médicales en place à son époque ».

Un Russe pionnier de l’hydrothérapie chaude
Un peu plus tard, en Russie, le Dr Alexandre Salmanoff  (1895-1964) met en évidence que la vitesse de vieillissement d’un individu est en rapport direct avec l’assèchement de son réseau capillaire. Sa méthode entend « restaurer le corps endommagé du patient ». Il découvrit que dans l’eau très chaude (bains dits hyperthermiques), les capillaires sanguins « poussaient » véritablement entre les cellules pour une meilleure oxygénation, nutrition et drainage des tissus. Considéré comme le pionnier de l’hydrothérapie chaude,  il fut le médecin personnel de Lénine et dirigea toutes les stations thermales de l’ex URSS. Homme de bon sens, il estimait que la chaleur invitait à la vie. « Quand vous mettez une bouillotte chaude sur le foie pendant une heure », expliquait-il « vous réchauffez 100 litres de sang et 40 litres de lymphe ».

Un biologiste français éducateur de santé
Dans les années 1940, un biologiste français, Pierre-Valentin Marchesseau entreprit de structurer l’ensemble en s’appuyant sur les travaux des hygiénistes. Pour lui, « la naturopathie est une hygiène vitale et une médecine des profondeurs structurée en trois cures hiérarchisées (désintoxication, revitalisation, stabilisation) ». Il développa également le principe de « dix techniques synthétisées (aliments, bains, pensée, mouvement, massages, respiration, plantes, magnétisme, rayons, réflexes). » Son but ? Normaliser le terrain.  Marchesseau retrouve ainsi les trois premiers principes de la médecine grecque : vitalisme (philosophie), humorisme (science) et hygiénisme (technique). Fondateur de la Faculté Libre de France, puis de l’Institut d’Hygiène Naturelle, Pierre-Valentin Marchesseau considèra le naturopathe comme un éducateur de santé. « Durant un demi-siècle, il a diffusé l’art et la science de préserver, d’optimiser ou de recouvrer sa santé par des moyens naturels », explique Daniel Kieffer qui fut son élève. Ce dernier ajoute ensuite aux travaux de son mentor la cure « anti radicalaire » et il inclut la psychologie (gestion du stress) dans les techniques majeures, en plus de l’alimentation et de l’activité physique.

Caroline Dor

© Illustration Delphine Lebourgeois

 

Où trouver un praticien
Pour trouver l’un des 2 000 naturopathes en exercice en France, rendez-vous sur le site de l’Omnes, association professionnelle de naturopathes, ou sur celui de la Féna, qui regroupe les praticiens formés dans l’une des écoles de la Fédération française des écoles de naturopathie. Garantie d’une déontologie et d’un enseignement de 1 200 heures minimum.

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