Le ventre

Longtemps sous-estimé, le ventre est au fondement de notre énergie, de notre immunité, de notre longévité et même de notre bonne humeur ! Tout se joue là… d’où la nécessité de prendre soin de son microbiote.

Elles dictent notre appétit, modulent notre poids, entraînent notre système immunitaire, communiquent en permanence avec notre cerveau, nous défendent contre les micro-organismes pathogènes, nous aident à digérer et influencent notre comportement. Contrairement à ce que l’on a longtemps pensé, les bactéries intestinales sont la plupart du temps nos amies, œuvrant en permanence pour notre bien-être. « Jusqu’à présent, on pensait que les bactéries étaient des étrangères, rapporte Gérard Eberl, immunologiste à l’Institut Pasteur. C’était un discours assez xénophobe !
Les récentes avancées de la science bousculent ces paradigmes : désormais, on ne considère plus les bactéries comme des intrus, mais comme une partie de nous. »

Vitalité, immunité, longévité, énergie physique et psychique, bonne humeur, inconscient… Et si l’essence de la vie, ce qui fait nos joies et nos peines, nos envies, nos émotions et notre santé résidaient dans nos entrailles ? C’est ce que pressentaient les plus anciens courants
de santé comme l’ayurvéda, la médecine chinoise ou encore les préceptes d’Hippocrate. Depuis dix ans, le microbiote – nouveau nom pour désigner la flore intestinale – prend des allures d’eldorado, et chaque jour de nouvelles études valident un peu plus les intuitions des médecines traditionnelles, réconciliant ainsi sciences et savoirs anciens.

Les recherches n’en sont qu’à leurs balbutiements, et il faudra encore des décennies avant de décrypter et comprendre cet écosystème complexe, véritable continent à explorer avec quelque 40 000 milliards de bactéries hébergées. Bien plus que notre propre nombre de cellules. De quoi questionner notre définition de l’humain, du soi et du non-soi. Cette planète miniature, fruit d’un million d’années de coévolution avec les premiers hommes, compte un millier d’espèces différentes, avec chacune ses particularités, ses fonctions, son habitat, ses interactions et sa production de métabolites. Mieux qu’au zoo !
En échange du gîte et du couvert, chaque grand groupe de bactéries a sa fonction particulière. Ainsi, certaines s’occupent de décomposer les fibres et de les transformer en énergie pour les cellules de l’intestin (les entérocytes), via la fabrication d’acides gras à courte chaîne, tandis que d’autres fabriquent des vitamines essentielles (B et K), favorisent le développement de la muqueuse intestinale, éliminent les toxines et traces de médicaments ou encore stimulent notre système immunitaire. […]

Dossier réalisé par Sophie Bartczak
Illustrations Quentin Monge