Un festin de plantes sauvages

« Les plantes ne vous laissent pas en paix » et la soif de savoir qui les entoure est insatiable, tel est le credo de François Couplan. En tentant de se soustraire aux contraintes de la société, il a parcouru le monde avant de réaliser que, malgré le bonheur indicible qu‘apporte la vie en pleine nature, celle-ci n’est pas une fin en soi.

Qui n’a jamais rêvé de tout plaquer ? D’aller vivre, libre, au fond des bois ? J’en ai eu envie et je l’ai fait.
Alors j’ai découvert le monde !
Sans doute la période était-elle propice : j’avais 18 ans en 1968. Mais le « retour à la terre » qui tenta certains me paraissait davantage engendrer des servitudes que conduire à la liberté. Je me sentais cueilleur, pas cultivateur. En effet, j’avais eu la chance de récolter dès ma plus tendre enfance, sous la conduite de ma mère, les champignons et les fruits sauvages que nous offrait la nature. Cette dernière était pour moi un garde-manger et un havre de paix plutôt qu’un lieu de frayeurs ou une adversaire à contraindre. Aussi, lorsque, à 20 ans, après une vie urbaine davantage consacrée au rock’n’roll qu’aux études scolaires, je décidai de me soustraire aux contraintes de la « société », je n’eus pas à chercher bien loin pour en imaginer les moyens. Que me fallait-il pour survivre ? De l’air pour respirer, c’était encore assez facile à trouver ; de l’eau pure pour boire, dans les montagnes il y en avait ; de quoi me nourrir : les plantes étaient là pour ça. Et après avoir suffisamment accru mon bagage de connaissances botaniques utiles, j’étais prêt !
Je partis donc vivre dans les bois, d’abord en France, dans les Alpes-de-Haute-Provence, puis dans les forêts de l’Ouest américain où je vécus une dizaine
d’années, sortant parfois des fourrés pour renouer avec mes semblables, car, comme tout humain, je suis être de partage. Et je me rendis compte que
si la vie dans la nature apporte un bonheur indicible, elle n’est pas une fin en soi : je fais partie d’une espèce et je ne peux me soustraire à ma condition. […]

Avec le professeur François Couplan,
ethnobotaniste et cueilleur