Chacun cherche son rythme

Selon vous, quel est le bon moment pour manger, dormir, créer, échanger ? Pour le savoir, apprenez à écouter vos rythmes biologiques tout en identifiant votre chronotype. Un dossier pour construire votre journée idéale et accorder vos horloges en famille et au travail.

Bien avant le siècle des Lumières et l’éclosion de la science moderne, il y a plus de 3 000 ans, prévalait déjà l’idée selon laquelle le corps obéirait à un rythme calé sur une horloge de 24 heures. Chaque organe aurait son temps de prédilection (de 11 heures à 13 heures pour le cœur) et des besoins fluctuants selon les heures. Cette intuition était suivie, et l’est encore, par les praticiens de médecine chinoise. En fonction du trouble de leurs patients, ils se réfèrent à cette horloge afin de définir le meilleur moment pour administrer un traitement. Cette question du « quand » prescrire, ou encore quand manger, quand dormir, quand travailler… avait peu intéressé jusque-là les médecins occidentaux, plus préoccupés par la localisation du mal et son traitement que par les enseignements de nos horloges internes. Science montante depuis une dizaine d’années, la chronobiologie, avec son cortège de spécialités – chronothérapie, chronoendocrinologie, chronodiététique ou encore chronopsychologie –, intéresse pourtant de plus en plus les chercheurs, qui se penchent sur le rythme circadien (du latin circa, « autour », et dies, « jour »), calé sur 24 heures (comme l’horloge chronobiologique chinoise !), et sur les nouveaux champs d’études ouverts par cette médecine thérapeutique et préventive.

La désynchronisation : un risque montant Exposition de plus en plus tardive aux lumières, et en particulier celles des écrans, non-respect du repos diurne, réelles perturbations du sommeil ou du rythme alimentaire… on assiste aujourd’hui à une épidémie de désynchronisations. De nombreux spécialistes – médecins du sommeil en tête – tirent la sonnette d’alarme face aux risques psychiques mais aussi cardio-vasculaires, aux prédispositions aux diabètes ou cancers auxquels nous expose le non-respect de nos rythmes biologiques. Fatigue et insomnie, fluctuations de poids, stress et dépression, hyperactivité et irritabilité, troubles de la concentration seraient autant de signes de cette désynchronisation chronique. Parmi les pistes de recherches : l’étroite dépendance entre notre équilibre psychique et notre équilibre biologique ainsi que le rôle joué par chaque organe dans cette délicate équation, de par son propre rythme et celui imposé par les hormones qui nous gouvernent. Une subtile concordance à ne pas risquer d’enrayer.[…]

Dossier réalisé par Dr Ada Picard et Claire Lelong-Lehoang
Illustrations Arnaud Tracol